La solidarité désigne le lien d'interdépendance qui unit les membres d'un groupe, chacun étant responsable du bien-être commun et du sort de l'ensemble. Elle suppose l'idée que le destin de chacun est lié à celui de tous les autres, comme celui des passagers et de l'équipage d'un même navire. L'historien Thucydide (vers 460-395 av. J.-C.) et le philosophe Aristote (384-322 av. J.-C.) avaient en leur temps déjà recouru à cette même métaphore pour rendre compte de l'unité politique de la Cité – c'est ainsi, en effet, qu'on nommait dans l'Antiquité grecque l'unité politique de référence (équivalent de ce que nous nommons « État »).
Dans sa description des événements politiques, notamment lors des guerres du Péloponnèse, Thucydide montre que la division, la jalousie et l’individualisme extrême empêchent toute entente durable, toute solidarité véritable entre Cités : « Que de sang répandu, que de souvenirs de haine, qui empêcheront toute entente grecque, toute formation d’un ensemble solidaire. »
Aristote, notamment dans les Politiques et dans l'Éthique à Nicomaque, défend la nécessité d'une entraide des membres de la Cité, qui doivent être en quelque sorte unis par un attachement pour produire le bien commun : « Le bonheur (τό εὖ ζῆν - to eû zên), fin de la Cité, suppose la vie en commun (τό συζῆν - to sûzên), qui est l’œuvre, le résultat de l’amitié (φιλία - philia) » (Politique, III, 9). Rappelons d'ailleurs que le mot « gouvernement » est dérivé du grec ancien κυβερνάω (kybernáô), qui signifie « piloter, tenir le gouvernail ». Cette métaphore est parfois reprise par Aristote, comme dans Politiques III, 2 : « Le citoyen, comme le matelot, est membre d'une association. À bord du navire, quoique chacun ait un emploi différent, que l'un soit rameur, l'autre pilote, celui-ci second, celui-là chargé de telle autre fonction, il est clair que, malgré les appellations et les fonctions qui constituent à proprement parler une vertu spéciale pour chacun d'eux, tous concourent néanmoins à un but commun, c'est-à-dire au salut de l'équipage, que tous assurent pour leur part, et que chacun d'entre eux recherche également. Les membres de la cité ressemblent exactement aux matelots : malgré la différence de leurs emplois, le salut de l'association est leur œuvre commune ; et l'association ici, c'est la Cité. »
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